« Más acá de la imagen », l’extravagante exposition de Vik Muniz

Más acá de la imagen » présente près de cent photographies de Vik Muniz, dans le cadre de sa première exposition en Amérique du Sud au-delà de ses frontières. Elle regroupe diverses œuvres, organisées en plusieurs séries telles que « Le meilleur de Life », « Enfants de sucre », « Images de diamants » ou « Images de déchets ». Vik Muniz est un artiste complet, à la fois dessinateur et photographe, créant des œuvres de toute sorte à base de spaghettis, de caviar, de diamants ou encore de déchets ; photographiées par la suite afin d’être exposées.

Dans son projet, l’artiste s’inspire et caricature des artistes comme Andy Warhol ou encore Jacques-Louis David, remettant profondément en question le rôle de la photographie. Celle-ci révélant à la fois « la nature de l’image comme information et comme mécanisme », selon ses propres mots. Que le spectateur réapprenne à penser le sens de l’image et de la photographie, tel est l’objectif de Vik Muniz.

Passant de la Marlène Dietrich à Dracula, puis quelques pas plus loin à la représentation d’un zèbre en découpages de journaux, les sujets d’inspiration de l’artiste sont très divers. Celui-ci joue avec son public, les changements d’échelles disproportionnées, les trompes l’œil et l’ironie des matériaux qu’il choisit, ce qui lui permet de véhiculer dans chaque œuvre un message fort qu’il soit politique (dessins de la Guerre du Vietnam) ou social (série « Images de déchets »). Le talent de Muniz repose dans sa capacité à corréler efficacement son matériel de production au sujet de son œuvre, comme pour la collection « Enfants de sucre », résultat de son voyage à l’île de San Cristóbal (Équateur). À travers les portraits en sucre de jeunes enfants noirs, l’artiste dénonce les effets des longues années de travail dans les plantations de canne à sucre. L’illusion voulue par l’artiste est entièrement réussie : à peine distinguons-nous la feuille de papier noir qui a été, par la suite, recouverte de sucre blanc.

L’engagement de l’article est bouleversant dans la série « Images de déchets » dans laquelle il met en scène des œuvres uniques, réalisées grâce aux détritus issus de décharges brésiliennes. Triés et organisés à l’échelle humaine, l’artiste donne à ces déchets la forme de portraits de femmes et d’hommes des favelas. « La porteuse (Irmã) » vivant et travaillant à Rio de Janeiro est l’une de ces œuvres, l’ensemble de cette série devenant ainsi la représentation d’une réalité latino-américaine souvent cachée. Grâce à la création de sacs en ordures à taille réelle, ce portrait d’Irmã acquiert une dimension symbolique extrêmement forte, porteur d’un profond message sociétal.

Dans la série « Après Warhol », l’œuvre principale de Muniz restera sans aucun doute la décalée « Double Mona Lisa » (1999) créée grâce à de la confiture et du beurre d’arachide, témoignage de la grande originalité de l’artiste brésilien (nldr. Voir la photo de Une).

« Images de revues 2 » est l’une des dernières séries crées entre 2011 et 2013. L’artiste n’y utilise plus alors comme matériel de production des produits alimentaires, mais des découpages de journaux divers, réunissant en autres une photo de Scarlett Johansson avec des œuvres de Gauguin ou de Klimt. Cette dernière série refléterait alors la vie moderne et l’incapacité que nous avons à faire le tri dans l’ensemble des informations qui nous sont offertes.

Pleine d’humour et d’ironie, cette exposition nous permet de revoir sous un autre angle ces images que nous connaissons tous. L’artiste nous plonge, à la fois, dans un univers familier, mais pourtant extrêmement différent des œuvres originales. Divertissante, humoristique, provocante, mais source d’une profonde réflexion, voici la conclusion que nous pourrions tirer de cette magnifique exposition de Vik Muniz.

« Más acá de la imagen », exposition contemporaine de l’artiste brésilien Vik Muniz
Museo de Arte del Banco de la República – Calle 11 #4-14 (La Candelaria)
Entrée gratuite